La gratuité des « visas outre-mer », le partage dangereux de l’archipel mahorais ?
Celle qui est communément appelée « l’île aux parfums » est devenue peu à peu « l’île aux records », avec en tête, l’immigration. Cette dernière, colossale et majoritairement clandestine risque d’être accentuée par le récent projet gouvernemental français : celui d’accorder des « visas d’outre-mer » gratuits entre les Comores et Mayotte.
Rappel de la situation migratoire de Mayotte
Mayotte, île achetée par le gouvernement français en 1837, devenue département français en 2011, fait face depuis plusieurs années à des défis considérables dont le plus important est celui de réduire l’immigration (clandestine). En effet, presque la moitié de la population résidant sur le sol mahorais est d’origine étrangère (environ 40 % ce qui fait de Mayotte le premier département français au taux d’immigration aussi important, loin devant la Guyane dont l’immigration massive n’est « que » de 35%). Parmi cette population, l’INSEE notait 52% d’étrangers en situation irrégulière en 2015.
Chaque jour, trente naissances ont lieu à Mayotte et 75% des parents sont des clandestins. L’émigration provient à 95% des Comores, et principalement de la ville d’Anjouan. Si ces femmes viennent principalement pour des raisons économiques (bénéficier des écoles et des soins médicaux gratuits), elles tentent également la traversée dangereuse entre l’archipel des Comores et ce 101e département français pour que leur enfant naisse français.
La gratuité des visas d’outre-mer ou la menace pour l’identité de l’île
Fin août 2017, la ministre des Outre-mer Annick Girardin avait dit être favorable à la création de visas outre-mer pour les ressortissants des pays voisins de ces territoires. Cette mesure permettrait de rendre plus simple la délivrance des titres de séjour et de mieux encadrer la pression migratoire. Si un tel visa existe déjà, l’État français va encore plus loin car il concernerait le regroupement familial, les étudiants et les personnes malades.
Lundi 18 septembre 2017, le gouvernement français a évoqué la possibilité de le rendre gratuit entre Mayotte et les Comores, archipel indépendant depuis 1975. Le 22 septembre, le Quai d’Orsay précisait que mettre en place des visas sans frais entre Mayotte et les Comores était nécessaire pour « lutter contre le trafic d’êtres humains, favoriser les mouvements légaux, tarir les passages illégaux et sécuriser les liaisons, aériennes comme maritimes ». Néanmoins, avec ce dernier, plus de 80% de la population comorienne (et surtout les habitants issus de la ville d’Anjouan) se retrouverait à Mayotte simplement pour le regroupement familial. L’île aux parfums deviendrait un territoire comorien.
Si ce projet abouti, des problèmes babyloniens seront à anticiper.
Cette submersion migratoire considérable couplée au projet gouvernemental français de régularisation via les visas outre-mer constitue une menace pour l’identité de l’île. De plus, Mayotte, manque déjà d’infrastructures et d’équipements et souffre d’un faible développement économique qui pourrait s’aggraver davantage. Les Mahorais, déjà exaspérés par l’arrivée massive de clandestins prennent eux-mêmes certaines mesures radicales. Ainsi, l’année dernière, ils avaient orchestré des « décasages » illégaux pour expulser ceux qu’ils considéraient comme des clandestins. Avec ce projet, la population de l’île redoute l’aggravation d’une situation déjà explosive. Le député Les Républicains Mansour Kamardine, a même affirmé que l’État était en train de transformer Mayotte « en Guantanamo ». Selon lui, « les gouvernements français et comorien organisent un partage de la misère de notre archipel, c’est dangereux.».
Mayotte est une petite île. A partir de là, deux questions s’imposent : où installer tous ces futurs arrivants ? Dans quelles conditions est-il possible de les accueillir ?
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